1.La nomination d'un nouveau premier ministre, rassure-t-elle pas les investisseurs? Le secteur économique gagnera-t-il leur confiance de nouveau?
Il est évident que la vitesse de la nomination du premier ministre Tammam Salam a rassuré les investisseurs et a été perçu comme un signe positif qui s’est reflété, quoique modestement, sur beaucoup de domaines nettement l'économie, les investissements et les transferts de fonds. Mais pour renforcer le climat de confiance il faudrait d’avantage de signes forts, et tout particulièrement maintenir la politique de distanciation vis-à-vis des répercussions et des transformations en cours dans la région.
Il se révèle également nécessaire de renforcer la sécurité et la stabilité politique et assurer la transparence dans un climat politique assombri par des interactions, ainsi que l'adoption par tous les partis d’un discours responsable, calme et rationnel ; le dialogue reste le meilleur moyen de résoudre les différends et les problèmes, loin de la provocation et de l’intimidation et de la menace de fermeture des routes et du recours au langage de la rue, le tout au détriment de la nation et de son économie ce qui affecte ses intérêts et les intérêts de tous ses citoyens, sans aucune exception.
2. Plus précisément, que dire de la situation du secteur bancaire libanais? Bretton Standard & Poor et Moody ne semblent pas rassurés par la vitesse de la nomination d'un nouveau chef de gouvernement?
Le secteur bancaire libanais a prouvé qu’en dépit de toutes les circonstances locales, régionales et internationales, il reste (un havre de paix ou) un refuge pour les dépôts et les placements. Il a réussi à atteindre une croissance modérée dans des conditions opérationnelles difficiles qui se sont reflété quelque peu sur les résultats. Les données indiquent une croissance dans les dépôts de 8% en 2012, en comparaison à 7,9% en 2011. De même, les prêts accordés au secteur privé en 2012 ont également augmenté de 10,6%, en comparaison à 12,9 en 2011
Cette tendance positive s’est poursuivie en 2013, où les dépôts bancaires ont augmenté de 1,2 milliards de dollars au cours des deux premiers mois de l'année, les prêts (crédits) bancaires ont de leur côté augmenté d’un demi-milliard de dollars pour la même période. Ces indicateurs sont inférieurs à ceux de la même période en 2012 qui atteignaient 1,7 milliard de dollars pour les dépôts et plus d'un milliard de dollars pour les crédits, ils sont néanmoins considérés comme bons tenant compte des conditions locales et celles qui nous entourent dans la région arabe et dans le monde.
Les banques libanaises sont très résilientes et solides face aux risques. Je souligne à ce propos que l'Agence de notation «Fitch» a récemment annoncé maintenir le secteur banque libanaise tel qu’il était précédemment à un niveau modéré, qui est le même que celui des secteurs bancaires du Qatar et de la Norvège.
Et j'espère que le président du conseil désigné réussira à former un gouvernement rapidement, car le retard alimente l'incertitude et influe l'humeur générale des investisseurs tout autant que des consommateurs.
3. Comment peut-on évaluer l'activité économique depuis le début de l'année? Après plusieurs visites dans le Golfe, les arabes sont-ils toujours prudents envers le Liban?
Compte tenu des conditions qui prévalent actuellement et des espoirs mis dans une saison d’été qu’on souhaiterait prometteuse, nous nous attendons à une croissance réelle de plus de 2%, en raison de l’état des esprit positives des consommateurs privés, et la croissance modérée des investissements privés s’ajoutant aux transferts de fonds et tout particulièrement ceux des expatriés libanais, qui se sont élevées à 7,47 milliards de dollars en 2012, ces derniers occupant la dixième place parmi les pays en voie de développement et la deuxième parmi les pays arabes.
Notre visite au Royaume de l’Arabie Saoudite durant laquelle on avait rencontré le vice President du Conseil des Ministre Son Altesse Mokren Bin Abdel Aziz, a été très positivement accueilli. Nous avons ressenti les sentiments sincères et plein engagement de la part de nos frères Seoudiens envers le Liban. Nous avons également perçu promptement une activité touristique prometteuse. Et nous entreprendrons durant le mois de Mai une visite également à nos frères de Qatar où nous rencontrerons Son Altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa et le premier Ministre Cheikh Hamad Bin Jassem Bin Jabr Al Thani. D’ autres visites suivront à Kuwait, Emirats Arabes Unis et autres. Nous devons bâtir sur ces résultats, en particulier en adhérant à la politique d'auto-distanciation, et de ne pas se laisser entraîner dans la spirale des tempêtes qui nous entourent, comme je l'ai déjà indiqué. J'espère qu’on arrivera bientôt à un consensus concernant une loi électorale qui permettra la tenue de ces élections, compte tenu de leur importance dans le renforcement de la stabilité et l’apaisement des esprits, et la suppression des obstacles que font face à l'économie libanaise. Les indicateurs actuellement disponibles indiquent des difficultés dans le domaine du tourisme qui a connu un déclin de 17% dans le nombre de touristes au le premier trimestre de 2013 ; l'occupation des hôtels a, quant à elle, décliné dans Beyrouth de 54% pour les deux premiers mois de cette année. Les transactions immobilières, elles, ont diminué de 19% pour le premier semestre en 2013, tandis que les exportations industrielles sont toujours confrontés à des difficultés après avoir chuté de 12% pour atteindre 3 milliards de dollars en 2012 et ceci en raison de l'impact de la crise en Syrie sur le commerce par voie terrestre.
4. Quelles sont vos attentes pour la prochaine saison estivale?
Dans l’optique où la stabilité et la sécurité sont renforcés, on s'attend à ce que les secteurs du tourisme et des voyages engendrent environ 11,4 milliards de dollars en 2013, sachant que la majorité de l'activité économique du Liban se réalise entre les mois de Juin et de Septembre. Il est important de souligner que le tourisme ainsi que les secteurs de l'économie libanaise qui y sont directement connectés représentent 35% du PIB.
5. Voulez-vous exprimer votre opinion sur les accusations de Washington concernant deux institutions bancaires libanaises de blanchiment d'argent?
Je peux vous assurer que les banques libanaises sont pleinement engagées à adopter et appliquer les normes et les standards internationaux. Nous avons une très grande confiance dans les procédures et les politiques (stratégies) prises par le Gouverneur de la Banque du Liban, M. Riad Salameh, ainsi que dans sa sagesse et sa compétence dans le traitement de tous les défis pour protéger et renforcer l'économie libanaise et son système bancaire qui fonctionne selon les normes et les règles internationales les plus strictes. Aujourd'hui et grâce à lui, nous avons un système très efficace dans le domaine du contrôle, comme dans la prévention du blanchiment d'argent, que ce soit pour les banques ou pour les bureaux de change auxquels la Banque du Liban a imposé des normes strictes et des règles contraignantes qu’il est nécessaire de respecter.